Mindjammer 508
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Que veux tu dire ? J'ai encore du mal à cerner les possibilités offertes par la Noosphère... Hégémonie donne quelques pistes là dessus mais ce n'est pas très clair (sans poiler : ça semble pouvoir donner certaines facilités, notamment lors d'enquêtes, mais ça ne semble pas ultime non plus)
- Sauriak
J'ai Hégémonie et n'est pas clair sur la Noosphère, sur les aides de jeux du site officiel on choppe quelques infos :
Mindscape Actions (page 187)
Sensorview: Use Mindscape to perceive things with Investigate and Notice.
Exomemory: Make Knowledge, Science, or Technical rolls to recall other people’s uploaded memories.
Hack Someone’s Halo: Use Hacker (Intrusion) or Mindscape Engineer (Technical) to forcibly read contents of someone’s halo. Also disrupt and steal halo abilities.
Thoughtcast: Communicate via Mindscape using “technotelepathy”.
Comme le soulignent les éléments cités par Skos, je crains fortement que le niveau technologique invalide voir interdise bon nombre de types de scénarios.
Pour ne donner qu'un exemple, imaginons un polar, et pour faire classique, le combo enquête plus pan-pan éventuel.
Sauf à se passer dans une zone au niveau technologique inférieur, je ne vois pas du tout comment amuser mes joueurs.
Franchement, en étant simplement logique, aucune intrigue fun ne peut être introduite sans que ce soit une blague, sauf à aimer passer 5 heures de café philo à discuter sur le sexe des anges électroniques.
Si l'on reste dans la partie très High-Tech de l'univers, toute enquête devient une plaisanterie. Toute confrontation armée va également se résoudre sans l'aide de l'aléa des dés (ce qui n'est pas forcément un mal).
Mais où est le crunch ? Où est le fun ?
Je me mets à la place de mes joueurs habituels, ils vont vite avoir l'impression de faire du Rohmer et de l'anti-dramatique, ce qui va les lasser. (Précision, j'apprécie le cinéma de Rohmer)
Je vais probablement devoir brider la partie avancées techno pour apporter un souffle dramatique.
Tout ceci m'inquiète.
- Skos
- la partie connectée à la Noosphère limitée au blah-blah café philo et sexe des anges électroniques
- la partie non-connectée où tout est possible si les PJ sont aussi déconnectés.
Alors en bref et non exhaustif, la noosphère est
- un outil ; c'est un moyen de communication quasi instantané grâce à l'implant ; c'est une vaste banque de donnée : avec notamment des « engrammes mémoriels » qui ont une fonction analogue aux photos ou vidéos actuelles ; c'est aussi des « expertises » disponibles par le biais d'une puce adéquate (Skill Chip), ou d'autres possibilités liées à la réalité augmentée, etc.. Sans oublier le « Halo » possédé par chaque individu connecté, c'est grosso modo une bulle personnelle qui contient toutes les capacités et données de la personne (engrammes mémoriels, accés aux expertises, etc..) au sein de la noosphère et qui peut bien sûr être piratée (avec une Black Chip ou SpecOp Chip) - ces puces spéciales pouvant aussi servir de moyen offensif pour un Mindburn. C'est donc tout à fait possible de jouer avec des personnages connectés sans que cela tourne à la vacuité spéculative. Cette connexion permanente est clairement cadrée par les règles. Il est dit par exemple que le voyage spatial en 2-Space (Planning Ship) est tellement dangereux qu'il est quasi obligatoire pour un pilote d'avoir une puce dédiée à la navigation/pilotage (c'est aussi pour ça qu'une grande majorités des vaisseaux de la Communalité sont des IA « conscientes ») - imaginons maintenant qu'un pilote d'un vaisseaux de guerre s'est fait piraté son Halo par une faction plutôt hostile à la Communalité, voire un agent Venu...
- un environnement virtuel ; dans lequel se trouve des espaces virtuels très variés, cela peut être un château de cristal, une reconstitution fidèle de New York des années 30, etc.. Et il peut être demandé des jets de compétences dans cet espace virtuel défini (Athlétisme, Discrétion, etc..) - ici c'est clairement du Matrix ; On y trouve évidemment les Sentinelles - des entités automatisées douées d'une grande intelligence sans pour autant avoir le status d'IA - qui contrôlent la noosphère et valident son contenu puisqu'il y a par exemple la possibilité de rencontrer des « fictions » ou « engrammes pseudo-mémoriels » (on peut en effet discuter avec une imitation de Bouddha) - en général il n'y a pas d'ambiguïtés, les « fictions » sont clairement identifiées mais il arrive que cela ne soit pas le cas... Imaginons là aussi, un faux Thanogramme créé afin de rendre crédible le faux décès d'un individu toujours vivant... Il est donc tout à fait possible de faire un scénario complet dans un espace virtuel sans que cela se réduise, là encore, à de la vacuité spéculative.
Et bien sûr il y a des conseils et des éléments de règles pour gérer ça. D'ailleurs ce que j'aime dans ce livre, ce sont aussi les petits encarts qui donnent des petites idées, des pistes, des amorces.
Je ne perçois pas la noosphère limitante en terme de scénarios ou de narration.
Pour reprendre ton exemple de polar enquête/action, si on transpose la chose dans un contexte contemporain je pense que l'utilisation de la noosphère reviendrais à utiliser les caméras de surveillances, les bases de données et les réseaux d'informations/sociaux. J'ai l'impression que tu donnes une toute puissance au concept noosphère, perso je dirais que c'est la difficulté des jeux sf que de gérer l'aspect technologique dans la partie.
Quoi qu'il en soit, la noosphère peut se gérer de différentes manières, comme c'est une base de données mise à jour par les membres de la communalité, j'imagine que toutes les infos n'y sont pas forcément et dans Hégémonie il est même précisé que certains systèmes ne sont pas encore à jour et par conséquent ne permettent pas d'avoir toutes les données à jour. Bref, c'est modulable
- Madrigal
- et
- Sauriak
Oui bien sûr, il y a des Fake News, comme des thanogrammes de personnes n'ayant jamais existé ; c'est ce que sont les « Fictions » ou « engrammes pseudo-mémoriels » (pseudo-memory engrams). Un extrait du livre P.192 : « Mindscape fictionals are mostly a descriptive element applied to exomemories, virtualities, and personalities in the Mindscape. Problems begin when you don’t realise you’re dealing with a fictional, or when the fictional by its nature delivers a profoundly disturbing experience. Did you really have a secret life as a corporacy assassin?
Is your family really dead? Is your friend really plotting against you? »
Ce qui donne un énorme potentiel pour des scénarios à tiroir. Bien entendu les personnages ont la possibilité aussi de créer des « fictions » qui se font passer pour vraies : « Characters may create fictionals using Will or even Technical (including the Artist stunt). Such fictionals are always identified as such. To create a fictional which appears real requires Deceive and a special ops or black chip, or the Hacker or Mindscape Engineer stunt. »
A cet égard on y retrouve toutes les problématiques actuelles concernant l'information (Post-Vérité, etc..)
Je suis aussi de cet avis, à lire Sauriak j'ai même eu l'impression de ne pas avoir lu le même jeu. Cependant c'est vrai que cela peut être assez déconcertant de s'imaginer connecté en permanence à un système d'information qui donne à penser que la frontière entre sphère privée et sphère publique est inexistante ; or ce n'est évidemment pas le cas (sauf pour les hackers très doués bien sûr) ; bref la noosphère n'est ni omnipotente, ni omnisciente c'est seulement un réseau avancé qui permet de mutualiser des informations, des données et d'autres choses avec une grande efficacité (« The Mindscape is a communications medium, a vast data store, and a collection of virtual spaces. »)
Il est clairement énoncé qu'il y a un écart entre notre niveau technologique et l'âge du" troisième espace" comparable à l'écart entre l'âge de pierre et le notre.
Nos limites informatiques actuelles ne sont plus (puissance de calcul, débit, stockage...).
Je reprends le poncif de l'enquête après un crime.
En toute logique, n'importe quel enquêteur peut aisément reconstituer une scène de crime instantanément et en 3D avec les sensations, piocher dans le savoir commun et relever tous les indices, les concordances, identifier un coupable (toujours instantanément). Sauf à ce que le coupable possède un circuit du marché noir, il sera non seulement identifié mais localisé immédiatement après son crime. Des myriades d'objets intelligents (plus ou moins) permettront tout ceci.
Donc pour le côté enquête, ben.... c'est l'histoire de 2mn de dialogue max entre le joueur et le MJ.
Resterait éventuellement le "pourquoi" du crime à résoudre, les qui, quand, comment, où, avec quelle arme.... c'est fait instantanément.
Pour l'aspect appréhension du criminel, au regard de la techno, les drones et les nanotechnologies suffisent bien pour faire le job. Sinon, vu que les armes sont elles même hyper évoluées, c'est aussi une blague qui repose sur les contremesures. A ce niveau là de technologie, l'équivalent d'une arme de poing actuelle est bardée de technologies adaptées. Le flingue doit tirer des micro missiles à tête chercheuse (cf Judge Dread), assisté par tous les objets de l'environnement. Le tireur peut avoir en tête une représentation en temps réel en 3D de l'environnement, faisant fi de tout mur. A l'aide des implants, le personnage sera au minimum un bon tireur.
Donc sauf à ce que la confrontation se passe dans un lieu particulièrement mal connecté et mal connu, ou sur une planète moins avancée... toute confrontation sera résolue sur les contre-mesures, et les enquêtes des blagues.
La techno de Mindjammer fait des joueurs et adversaires des êtres que nous pourrions qualifier de demi-dieux de nos jours, s'ils ne sont pas issus du "trou du cul de l'univers connu".
EDIT: j'ai volontairement évité les armes à rayon, pour rester sur des choses plus basiques en apparence.
- Fenris
- et
- Skos
est-ce que le cerveau des gens a été augmenté aussi?
là on se retrouve aussi avec le problème du big data: l'info est probablement là, encore faut-il savoir la chercher, la reconnaître l'analyser et l'utiliser, et quand il y a plus de bruit que de signal ...
La question est très intéressante en tout cas et la réponse m'intéresse vu que je me tâte à pledger ou non
- Sauriak
Oui, le soucis est là, enfin.. c'est ce qui est esquissé comme "excuse" pour limiter le côté divin.
Mais pour moi ça ne tient pas la route. En tous cas pas pour l'exemple que j'utilise.
Faire le tri dans une base de données à l'échelle de l'univers connu, oui c'est un soucis.
Pour être plus clair: Identifier un individu dont on ne sait rien si ce n'est le bout de son nez, dans une base de données qui contient tous les êtres vivants c'est un soucis. Le seul indice c'est que l'individu possède un nez, et encore il pourrait porter un faux nez à moustaches.
Par contre, lorsque l'on peut avoir accès à la scène de crime, que l'on a accès à tous les objets "intelligents", on peut recueillir toutes les données. (phéromones, température du corps, horodatage, taille, poids, empreintes éventuelles, résidus,....) Je ne suis pas coutumier des méthodes policières, mais je devine simplement que le ramassage d'indices plus la connaissance des lieux facilite les liaisons. Ajoute à ceci le savoir faire de générations entières de fins limiers...
Pour moi, à ce niveau de technologie, le polar c'est quasiment mort.
La même réflexion peut être faite avec Eclipse Phase. Des réponses sont données dans Panopticon, notamment.
Les enquêtes sont facilitées, mais pas autant que tu le penses : pour chaque caméra, il y a un logiciel capable de la désactiver. Des copies peuvent être faites des gens. Pas hyper parfaites, certes, mais tout de même. Le hacking est quelque chose de tout a fait utilisable pour pirater à peu près n'importe quoi. Et enfin il y a la loi, qui interdit certaines pratiques. Il y a un scénario officiel de Mindjammer, Blue, qui est une enquête, et on trouve justement ces éléments.
Et puis dans la Noosphère, le souçis n'est pas de trouver une info mais plutôt de trouver une info pertinente, une info vraie, dans un réservoir titanesque d'informations qui changent sans cesse à travers des milliers de mondes. Concrètement en partie lorsqu'un joueur me demande des données sur telle ou telle chose, je lui décrit comment en 2s il a tout ce qu'il veut, mais je fais attention à ne pas donner les infos capitales, ou a les noyer dans plein d'autres. C'est difficile à expliquer mais le tout est de créer une sensation d'immédiateté et de facilité a avoir des infos grâce aux réseaux technologiques, et a mettre le paquet sur les éléments du scénario qui ne peuvent être réussis grâce à la technologie de surveillance (ou être contrés par d'autres technologies).
Le jeu n'est pas un jeu d'enquête avec des meurtres, à la base. En fait par défaut on est plus dans la découverte de colonies spatiales, de diplomatie, d'exploration, voire d'intervention militaire. C'est tout bête mais du coup en jeu, à priori, tu n'as pas a te poser de telles questions si souvent.
- Sauriak
- et
- Sauriak
Même si je n'avais pas complètement cerné ce qu'était la Noosphère je ne m'inquiétais pas trop pour les scénarios enquêtes. Si on regarde à notre époque, tous les crimes ne sont pas résolus malgré les nouvelles méthodes (technologiques et scientifiques) car l'astuce des criminels à déjouer les méthodes d'enquêtes évolue aussi.
Il faut penser que la Noosphère qui est un concept nouveau pour nous qui découvrons le jeu, ne l'est pas du tout pour les personnages du l'univers de Mindjammer. Ils l'ont vu évoluer, exploité, détourné, ont repéré ses failles, etc. Donc à moins d'un meurtre non prémédité, il peut être difficile de résoudre une enquête si l'auteur a les moyens ou une bonne connaissance du système.
De plus, je ne sais pas si c'est évoqué dans la vo, mais pour moi, la Noosphère est sectorisée avec des niveaux d'accréditation selon la puce. Celle-ci étant un composé bio-cybernétique bien plus complexe qu'une simple pastille sous-cutanée .
J'ai eu l'occasion de jouer à Cyberpunk avec des personnages de haut-niveau et à aucun moment nous n'avons trouvé que dans les hautes sphères d'influences les adversaires étaient négligeables grâce à notre équipement létal ou que les enquêtes étaient faciles grâce aux technologies en notre possession.
Si ce n'est déjà fait, je vous invite à regarder l'excellentissime série animée Ghost in the SHell (nettement plus dynamique que les films). Personnellement, c'est comme ça que je conçois la noosphère.
Je ne fais pas une fixation sur les jeux d'enquête, je me demande simplement ce pour quoi Mindjammer est agile ou pas.
Je commence par les poncifs que sont l'action, l'exploration et l'enquête et les confrontations.
Force m'est de constater que pour la partie enquêtes les limitations sont fortes.
Alors oui, il se pose toujours un pseudo principe d'équilibre des technologies, mais cet équilibre n'en est pas un vrai, c'est un déséquilibre. A l'époque du 3-espace, les soucis du big data actuels me semblent très bidons.
Je me demande ce que je vais faire de Mindjammer, mes joueurs n'étant pas passionnés par un remake de Star Trek.
D'où ma question: Et vous qu'en avez vous fait ?
- Hiver
En fait je pense que le polar / enquête est tout à fait possible, à la différence près que les enjeux sont décalés par rapport au polar noir des années 30.
Il sera peut-être facile d'identifier un suspect voir de le localiser mais :
- son identité à pu être usurpée, y compris dans la noosphère
- peut être n'était-il qu'un copie d'une autre personne
- peut-être que la noosphère à justement été piratée pour donner immédiatement des indices évident et permettre de gagner du temps pour perpétuer un 2e crime ?
Ca me fait beaucoup penser aux romans de Isaac Asimov sur les robots. On y trouve des situation ou à priori il ne peut pas y avoir de criminel (car un robot ne peut pas tuer) ou il ne pet pas y avoir de crime (car les protagonistes ne peuvent jamais être physiquement présents) etc... et alors que d'importants moyens technologiques devraient permettre de résoudre ça en 2 coups de cuillère à pot, on se retrouve avec situation inextricables et des enquêtes passionnantes portant sur des "enjeux" inattendus.
Alors je n'ai pas lu le livre en VO, j'ai juste le supplément Hégémonie. Il me manque surement des infos comme notamment l'évolution de l'humanité au cours de plusieurs milliers d'années. Y a t-il un niveau tech identique partout, tout le monde y a-t-il accès, chacun est-il capable d'utiliser toutes technologies existantes ?
Parler d'une différence équivalente entre l'âge de pierre et nous ne me permet pas d'imaginer quoi que ce soit, il faut que je l'adapte pour avoir quelque chose d'exploitable. Ce serait comme si on me demandais d'avoir une idée clair de ce qu'est l'infini, je peu avec une idée du concept, mais de là à avoir une réelle compréhension...
Je trouve qu'on met souvent plus de barrières dès qu'on aborde la SF en partant du principe qu'il faut que ce soit nécessairement réaliste et que la connaissance permet de tout résoudre. Sur des jeux comme Fading Suns j'ai vu des débats sur le voyage spatial et le temps que ça prend en rapport à la relativité et la gravité des planètes. En Fantasy, je n'ai pas vu beaucoup de monde râler parce que les elfes "ado de 120 ans" commençaient avec les mêmes points de création qu'un humain de 20 ans.
Je pense que le côté enquête dans Mindjammer sera forcément différent et qu'il faut être un peu plus imaginatif. Ce qui revient à ces "contre-mesure" qui reflète en effet le même schéma que dans le contemporain, c'est à dire que le criminel s'arrangera toujours pour contourner la loi.
En cela le scénario Hégémonie propose quelques idées (même si le côté enquête n'est pas forcément l''aspect principal).
Là où je te rejoins, c'est sur la difficulté de monter un scénario enquête et c'est exactement ce que j'avais ressenti en survolant Eclipse Phase. Comment faire des scénarios qui tiennent la route sans que les joueurs le pourrissent en moins de 2 ?